Social Report - 2 octobre 2020

Cette semaine, notre Social Report vous propose la suite de la saga concernant le rachat de TikTok, dont les téléchargements aux Etats-Unis ont bien failli être interdits le 20 septembre. En parallèle, le réseau social a créé un fonds européen de 60 millions d’euros pour les créateurs TikTok. Par ailleurs, Amazon est entré dans l’arène du « cloud gaming » - ces bouquets de jeux accessibles sur abonnement sans téléchargement - avec le lancement de Luna, son service de streaming de jeux vidéo.
02 octobre 2020
Master
Ambre Limousi
Ambre
LIMOUSI

Senior International News Editor, Division Media

Entre rachat et bannissement, la saga TikTok continue…

Nouveaux rebondissements dans l’affaire du rachat de TikTok : l’application chinoise détenue par ByteDance, a bien failli ne plus pouvoir être téléchargée sur le sol américain à compter du 20 septembre, indique Le Siècle Digital. Une annonce faite par le département du Commerce des Etats-Unis (DoC) le 18 septembre, pour des raisons de sécurité nationale. Pour éviter un scénario catastrophe, TikTok a déposé une motion auprès d’un tribunal de Washington afin de suspendre le décret signé par l’administration Trump, rapporte Bloomberg.

Rappelons que Donal Trump affirmait déjà, au début du mois d’août, qu’il était sur le point de bannir TikTok des Etats-Unis. Des menaces rapidement mises à exécution à travers plusieurs décret, obligeant ByteDance à revendre ses activités sur le territoire à une firme américaine. Avec un délai imposé de 90 jours, TikTok pensait avoir réussi l’impossible en acceptant de faire d’Oracle « un partenaire technologique de confiance » et en lui cédant une participation de 12,5%, expliquent Le Siècle Digital et l’AFP. Mais l’accord s’est heurté au refus de Pékin d’approuver « le rachat forcé » de TikTok. Le China Daily du 23 septembre écrit que « la Chine n’a aucune raison d’approuver l’accord mesquin et injuste qui permet à Oracle et Walmart de reprendre TikTok sur la base de l’intimidation et de l’extorsion ». Selon l’article, le succès de TikTok a motivé les Etats-Unis à utiliser la sécurité nationale comme prétexte pour interdire l’application et tenter de la racheter. « Comme l’ont prouvé des déclarations peu claires et contradictoires du président et d’autres responsables ces derniers mois, les interdictions n’étaient pas motivées par une vraie inquiétude sur la sécurité nationale, mais plutôt par des considérations politiques liées aux élections générales à venir », indique le document déposé par TikTok auprès de la justice.

L’audience, qui s’est tenue le 24 septembre, s’est soldée par un sursis pour les utilisateurs américains de TikTok, alors que le juge Carl Nicholas a invalidé la suspension ordonnée par l’administration Trump, relate l’AFP. Le magistrat, nommé par Donald Trump en 2019, a en revanche pour l'instant refusé de suspendre l'interdiction totale de l'application sur le sol américain, prévue le 12 novembre. « Nous sommes satisfaits que la cour ait été d'accord avec nos arguments légaux et ait empêché la mise en place de l'interdiction », a réagi TikTok. Lors d'une audience par téléphone le dimanche précédent, ses avocats avaient déclaré que bloquer les téléchargements de TikTok serait inconstitutionnel et enfreindrait le droit à la liberté d'expression, surtout à l'approche de la présidentielle du 3 novembre. La plateforme a également assuré que cela lui causerait des dommages irréparables en termes de croissance. En outre, ByteDance a annoncé avoir effectué une « demande d'autorisation » d'exportation de technologie, sans préciser à quel sujet. Cette initiative pourrait concerner le fameux algorithme qui a fait le succès de TikTok (il permet d'afficher aux utilisateurs les contenus les plus susceptibles de les intéresser, en fonction de leurs goûts, et de les conduire à passer le plus de temps possible à visionner vidéo après vidéo sur la plateforme). En effet, la Chine refuse que ce précieux système informatique ne tombe dans l'escarcelle américaine. Affaire toujours à suivre, donc…

Un fonds européen de 60 millions d’euros pour les créateurs TikTok

TikTok a annoncé que sept créateurs français recevraient le soutien de son TikTok Creator Fund, un fond européen « pour aider les créateurs ambitieux et talentueux à transformer leur créativité en carrière », indique CBNews.

Pour cette première année, ce fonds européen pour les créateurs TikTok est doté de 60 millions et atteindra un minimum de 255 millions d'euros d’ici trois ans, auquel des dizaines de milliers de créateurs européens pourront prétendre, a expliqué le réseau social. Depuis le 1er septembre, tous les créateurs peuvent réaliser une demande de soutien. Pour être éligibles, les utilisateurs doivent être âgés de 18 ans ou plus, avoir une base de 10 000 abonnés minimum, plus de 10 000 vues enregistrées au cours des 30 derniers jours et publier un contenu original, en accord avec les règles communautaires de l’application. Les créateurs éligibles recevront les fonds en versements mensuels réguliers, en fonction de la performance de leur contenu.

« La créativité est le moteur de TikTok et nous nous efforçons toujours de soutenir et de nourrir la communauté qui fait de nous ce que nous sommes. Ce fonds européen accompagnera les créateurs français qui consacrent beaucoup de temps et d'énergie à la création de vidéos divertissantes, informatives et inspirantes pour le plaisir de tous les utilisateurs de TikTok. Ce mois-ci [septembre], nous célébrons le second anniversaire de TikTok en France et nous sommes fiers de ce que nous avons réalisé ici en si peu de temps. La France a adopté TikTok permettant à notre communauté de créateurs de grandir. Nous sommes impatients de voir comment ce fonds européen contribuera à soutenir davantage nos créateurs et à encourager la future génération de talents créatifs sur TikTok », a déclaré Rich Waterworth, directeur général de TikTok Europe.

Amazon lance son service de streaming de jeux vidéo

Amazon a annoncé jeudi le lancement de son service streaming de jeux vidéo, Luna, avec une offre à 5,99 dollars par mois, pour l’instant uniquement accessible sur invitation aux Etats-Unis, relatent Les Echos. La société démarre avec une cinquantaine d'anciens jeux, dont Sonic, Resident Evil 7 et Panzer Dragoon, accessibles sur PC, téléviseur, tablette et iPhone et « bientôt » sur les smartphones Android. Amazon a également conclu un partenariat avec Ubisoft : l'entreprise française proposera une chaîne avec des titres comme Assassin's Creed et Far Cry 6, pour un prix qui n'a pas encore été communiqué.

Déjà présent dans les jeux vidéo depuis son rachat en 2014 de Twitch, Amazon cherche à se positionner sur un terrain où la compétition est rude. L’entreprise compte se distinguer avec des prix bas, l'élimination d'équipements coûteux et ses synergies avec Amazon Web Services, sa division cloud, qui lui donne accès à une puissance informatique inégalée. « La seule raison pour laquelle nous avons été capables de construire Luna est parce que nous l'avons bâti sur AWS », a déclaré Marc Whitten, vice-président d'Amazon chargé du boîtier télé Fire TV, en vantant la fluidité de l'expérience visuelle. En outre, « supprimer l'achat d'une console comme obstacle d'entrée, notamment en plein milieu d'une récession mondiale, est susceptible d'attirer de nombreux joueurs qui n'ont actuellement pas les moyens de s'offrir une nouvelle console », explique Michael Pachter, analyste chez Wedbush Securities. Mais Amazon devra faire grossir son catalogue, trop « léger » pour le moment, notamment face à Microsoft, qui vient de dépenser 7,5 milliards de dollars pour acquérir le studio ZeniMax Media.