Social Report - 17 juillet 2020

Cette semaine, le Social Report vous annonce la fin de Lasso, Facebook concentrant désormais ses efforts, pour concurrencer TikTok, sur Instagram Reels. Autre chamboulement potentiel : une version payante de Twitter, en plus de la version gratuite, comme le suggèrerait une offre d’emploi faisant mention d’une « plateforme d’abonnement ». Les géants d’Internet se retrouvent par ailleurs au cœur d’enjeux géopolitiques. Ainsi, même si Trump laisse quelques mois de répit à la France dans l’espoir de trouver une solution internationale, le conflit entre la France et les Etats-Unis au sujet de la taxe GAFA est monté d’un cran ; tout comme les tensions entre la Chine et le reste du monde au sujet de Hong Kong.
17 juillet 2020
Master
Gwenaelle Lepeltier
Gwenaëlle
LEPELTIER

Chef de Projet Editorial - Revues de Presse, Division Media

Ambre Limousi
Ambre
LIMOUSI

Senior International News Editor, Division Media

Facebook : clap de fin pour Lasso, place à Instagram Reels

Facebook a annoncé début juillet la fermeture de Lasso, lancée en 2018 pour concurrencer TikTok, et a invité ses utilisateurs à télécharger les vidéos qu’ils souhaitent conserver, qui ne sont plus accessibles depuis le 10 juillet, indiqueTechCrunch.

Lasso était disponible dans plusieurs pays, dont la Colombie, le Mexique, les États-Unis, l’Argentine, le Chili, le Pérou, le Panama, le Costa Rica, le Salvador, l’Équateur et l’Uruguay. L’application, qui proposait essentiellement des fonctionnalités analogues à TikTok pour les contenus courts – que Facebook pensait attrayants pour les jeunes utilisateurs – n’est jamais arrivée en France.

Facebook n’abandonne pas pour autant l’espoir de concurrencer TikTok et se concentre désormais sur Instagram Reels. L’objectif des Reels, selon Instagram, est de « révéler une nouvelle génération de talents ». Pour cela, le réseau social mise sur la visibilité de son nouveau format sur sa plateforme. Les Reels créés par les Instagrameurs peuvent être partagés dans le fil d’actualité, dans les stories, en message privé ou être envoyés à ses proches, explique le Blog du Modérateur. Un espace dédié dans la partie Explorer permet également d’accéder à une sélection de Reels, pour s’inspirer du contenu publié par les autres membres, mais aussi pour pouvoir être découvert par la communauté Instagram. Déjà testée au Brésil depuis novembre, Reels est déployée depuis le 24 juin à 15 heures, indique Stratégies.

« L'idée est d'apporter un nouveau mode d'expression, plus fun, plus créatif, à Instagram. Reels offre la possiblité d'un storytelling différent, en plus de nos quatre formats déjà en place – le feed, les stories, IGTV et le live », explique Guillaume Thevenin, responsable des partenariats médias et personnalités publiques d’Instagram, relate Stratégies. « Nous avons répondu à une très forte demande de nos utilisateurs de pouvoir créer et éditer des vidéos courtes et très créatives à l'intérieur même de la plateforme Instagram, comme ils peuvent le faire sur d'autres réseaux sociaux », assure M. Thevenin.

Concernant la présence d’annonceurs sur Reels, poursuit Stratégies, Instagram déclare vouloir se concentrer sur la prise en main des créateurs de contenus et des adolescents, mais assure travailler sur une prochaine monétisation et sur un accompagnement des marques dans le cadre de collaborations avec les influenceurs.

Twitter préparerait une plateforme d’abonnement

A en croire une offre d'emploi que vient de publier le réseau social, Twitter se préparerait à lancer une offre d’abonnement payante.

Dans cette annonce, il est en effet question de recruter un ingénieur de l’équipe Gryphon censé diriger le travail autour des paiements et abonnements. On n’en apprendra toutefois pas d’avantage de la part de Twitter, qui n’a pas souhaité répondre aux questions des médias anglo-saxons.

Une annonce surprise venant de cette plateforme qui s'est toujours targuée d'être 100% gratuite. Pourtant, comme le rappelle Stratégies, Twitter avait déclaré plancher, dès 2017, sur une potentielle offre payante pour obtenir des fonctionnalités supplémentaires réservées aux power users, en particulier dans le cadre de son outil TweetDeck. Affaire à suivre !

Taxe GAFA : Washington punit Paris avec sursis

L’administration Trump a annoncé, vendredi 10 juillet, des mesures de rétorsion visant des produits français représentant 1,3 milliard de dollars (environ 1,15 milliard d’euros), rapportent diverses sources comme Le MondeLes Echos et Le Figaro. L’objectif ? Punir la France d’avoir instauré une taxe GAFA.

L’application de ces droits de douanes supplémentaires de 25% – sur les produits cosmétiques et les sacs à main, mais pas sur d’autres produits emblématiques comme le champagne, le camembert ou le roquefort – est cependant suspendue de six mois (jusqu'au 6 janvier 2021) pour laisser plus de temps pour tenter de résoudre ce problème, notamment au sein de l'OCDE qui négocie depuis plusieurs mois.

L’entourage du ministre de l'Économie Bruno Le Maire estime qu’un accord au sein de l'OCDE constitue la « seule issue par le haut » dans ce conflit qui oppose les deux rives de l'Atlantique ; le Fonds monétaire international exhorte lui aussi à un accord international pour résoudre ce conflit.

Les géants d’Internet  et TikTok au cœur d’enjeux diplomatiques entre Pékin et le reste du monde

En réponse à l'adoption d'une nouvelle loi sécuritaire imposée par la Chine, plusieurs géants d’Internet – Google, Twitter et Facebook – ont annoncé, dans la nuit du 6 au 7 juillet, qu’ils ne répondront plus aux demandes de divulgation d’informations sur leurs utilisateurs émanant du gouvernement et des autorités de Hong Kong, rapporte Le Monde. Même son de cloche, par exemple, chez LinkedIn, propriété de Microsoft, ou la messagerie russe Telegram.

Le réseau social TikTok, qui essaie depuis plusieurs mois de se détacher petit à petit de la Chine, est allé encore plus loin et a annoncé, à cause de cette loi, la suspension de son application à Hong Kong. Comme l’indique le Siècle Digital, ByteDance, la maison-mère de TikTok, a adopté une stratégie d’occidentalisation qui s’est traduite par le recrutement d’un PDG américain, Kevin Mayer. Arrivé le 19, il s’affaire à tisser des liens solides et à renouer confiance avec les différents régulateurs européens et américains. 

Toujours selon le Siècle Digital, les Etats-Unis envisageraient, pour conséquence directe de l’escalade des tensions avec la Chine, de bannir TikTok ainsi que d’autres applications chinoises. En Inde, comme le soulignent Les Echos59 applications chinoises – dont TikTok, WeChat, Weibo ou Clash of Kings – sont subitement devenues illégales fin juin. Le blocage de TikTok en Inde ayant directement bénéficié aux alternatives locales comme Roposo, si TikTok se retrouvait bloqué aux Etats-Unis, où il est ultra populaire, cela pourrait profiter, à l’évidence, directement au groupe Facebook.

Supprimée à Hong Kong, interdite en Inde, menacée aux Etats-Unis, l’application préférée des jeunes se retrouve au cœur d’enjeux diplomatiques entre Pékin et le reste du monde… de là à dire que l’avenir de TikTok est plus que jamais incertain, il n’y a qu’un pas (comme le fait le Blog du Modérateur).