Social Report - 14 février 2020

Cette semaine, nous vous proposons de lire notre Social Report. Au programme, le débat sur la reconnaissance faciale ; la détente, entre la France et les Etats-Unis, sur la taxe Gafa et les nouvelles offensives de Konbini et Instagram.
14 février 2020
Master
Ambre Limousi
Ambre
LIMOUSI

Senior International News Editor, Division Media

Gwenaelle Lepeltier
Gwenaëlle
LEPELTIER

Chef de Projet Editorial - Revues de Presse, Division Media

Malik
BOUDRAA

Reconnaissance faciale : face aux inquiétudes, l’Union Européenne envisage un moratoire de 3 à 5 ans

Les dérives liées à la reconnaissance faciale sont notamment pointées du doigt en Chine, où elle est utilisée par Pékin pour étouffer toute dissidence, relatent Les EchosMais les pays occidentaux ne sont pas épargnés.

Aux Etats-Unis, une entreprise américaine a mis au point un système d'identification immédiate baptisé Clearview AI, a révélé le New York Times dans une enquête publiée le 18 janvier. Fonctionnant comme un moteur de recherche, le système permet de reconnaître n’importe quel individu en quelques secondes, pour peu que ce dernier ait un jour posté une photo de lui sur Internet, et propose une liste de liens permettant d’en apprendre davantage sur l’individu. S’appuyant sur une gigantesque base de données de plus de 3 milliards de photos publiques que la société prétend avoir aspirées sur Facebook, Venmo, YouTube et des millions d’autres sites web, ce fichier dépasse tout ce qui a déjà été construit par les géants de la Silicon Valley ou le gouvernement américain. À titre de comparaison, les outils de reconnaissance faciale du FBI interrogent une base de données de 641 millions de visages de citoyens américains, s’inquiète RTL. Selon BuzzfeednewsClearview tenterait de vendre son logiciel à des pays où les droits des personnes ne sont pas toujours respectés comme ils le devraient, indique leSiècle digital22 pays sont concernés, d’après une carte – obtenue par Buzzfeednews – illustrant les pays ou l’entreprise est présente et où elle compte s’installer.

Le patron de Google, Sundar Pichai, reconnaît, dans une tribune parue dans le Financial Times qu’ « il y a de réelles inquiétudes concernant les potentielles conséquences négatives de l'IA, des deepfakes jusqu'aux utilisations néfastes de la reconnaissance faciale », et appelle de ses vœux la mise en place de standards mondiaux pour encadrer son utilisation. Point trop n’en faut, cependant : « Une réglementation judicieuse doit adopter une approche proportionnée et équilibrée », a-t-il insisté, souligne France Info.

De l’autre côté de l’Atlantique, l'UE envisage d'imposer un moratoire de 3 à 5 ans afin de se mettre d'accord sur une « méthodologie claire qui permet d'évaluer les impacts et les risques » de la reconnaissance faciale, indiquent Les Numériques.Une durée que Bruxelles juge nécessaire pour se donner le temps de mettre au point des garde-fous efficaces pour juguler les externalités négatives et les effets néfastes potentiellement engendrés par cette technologie – particulièrement en ce qui concerne la vie privée et les données personnelles des citoyens européens. La Commissaire Vestager doit justement présenter ses propositions le mois prochain, très attendues notamment en France, où le secrétaire d'Etat au Numérique, Cédric O, a affirmé, il y a un mois, qu'il souhaitait « ouvrir une phase d'expérimentation, de six mois à un an, sous la supervision de la société civile et des chercheurs » concernant l'utilisation de la reconnaissance faciale à des fins de vidéosurveillance, rappellent Les Echos.

Par ailleurs, Mark Zuckerberg sera en Europe le 17 février où il doit rencontrer les trois Commissaires européens chargés respectivement de la concurrence et du numérique, du tête du marché intérieur et de la justice, indique le Siècle digitalFacebook ne fait pas mystère des causes qui poussent son PDG à traverser l’Atlantique. « Mark Zuckerberg se rendra en Europe pour participer à la conférence de Munich sur la sécurité, et rencontrera les décideurs européens à Bruxelles pour discuter d’un cadre pour de nouvelles règles et réglementations pour l’internet », a déclaré l’entreprise.


La France accepte de geler temporairement sa taxe sur les géants du numérique en attendant un accord commercial à l’échelle internationale

Mercredi 22 janvier, à Davos, le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a confirmé qu'un « cadre global commun » avait été trouvé avec le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin.

Paris a plié, en reportant le prélèvement de la taxe Gafa à décembre 2020. En contrepartie, les Etats-Unis sont prêts à suspendre les sanctions qu'ils menaçaient de prendre contre des produits français.

L’accord doit permettre aux équipes françaises et américaines de discuter, dans les prochaines semaines, dans l’espoir d’un accord final de taxation des entreprises du numérique à l'échelle de l'OCDE. Afin de mieux taxer les activités numériques des entreprises, une réforme internationale se négocie en effet au sein de l'OCDE. Le détail de la réforme (le taux de taxation des surprofits, les modalités de contrôle et d'arbitrage...) doit être présenté en juin prochain, pour aboutir à un texte final en novembre 2020 et une application par les pays à partir de 2021. L’enjeu étant de trouver un accord commercial pour la mise en place d’une taxe internationale commune qui serait gérée directement par l’OCDE.

Si les négociations internationales devaient échouer, a rappelé Bruno Le Maire dans une interview pour France Info en date du 27 janvier, les entreprises numériques qui sont dans le champ de notre taxe nationale seront taxées comme cela a toujours été prévu, et devront payer un impôt français comme elles l’ont fait en 2019. Toujours selon Bruno Le Maire, la France a perçu un premier acompte de 280 millions d’euros pour 2019, et le montant total devrait s’approcher des 400 millions visés (Stratégies). Affaire à suivre…


Konbini crée une cellule créative, signe avec Facebook Watch et se lance dans des formats plus longs ainsi que le podcast

Sous l'impulsion de son nouveau directeur général Ronan Dubois, Konbini (qui a su, en développant des formats créatifs, toucher 27 millions de Français par mois, notamment de moins de 35 ans, et afficher une croissance ininterrompue de plus de 20% de son chiffre d'affaires) multiplie les offensives, rapportent Stratégies.

Konbini veut capitaliser sur son ADN publicitaire en créant Kewl, une cellule dédiée à la création et laissée à la disposition des annonceurs ; le pure-player signant par ailleurs, pour son offre vidéo, avec Facebook Watch qu’il a intégré le 18 janvier, aux côtés de médias comme M6 et BFMTV, et pour lequel il proposera une sélection conçue spécialement pour ce réseau social. Konbini se lance également dans des formats plus longs ainsi que dans le podcast.  Après des reportages de 17 à 20 minutes, Konbini veut développer des durées plus longues, de 45 minutes à 1h30 pour de véritables documentaires, enquêtes ou stories à destination des plateformes de streaming comme Netflix et Amazon… tout en produisant des podcasts natifs avec Spotify, Deezer, Majelan ou Sybel. Le tout, en étroite relation avec les marques ! Sans compter le lancement de deux nouvelles verticales : Konbini Food et Konbini Sports (une info repérée pour vous sur CB News) !

Instagram – réseau social le plus utilisé par la génération Z fin 2019, selon un sondage Diplomeo, avec 81 % d’utilisateurs parmi les 16-25 ans – multiplie lui aussi les initiatives pour booster les achats des produits de ses marques membres. Des Reminder Stickers ou une fonction paiement, actuellement en test, figurent ainsi, selon Le Figaro, parmi les innovations destinées aux Etats-Unis.