Social Report - 13 novembre 2020

Cette semaine, notre Social Report est consacré aux géants du digital. Pour commencer, coup de projecteur sur les résultats trimestriels d’Amazon, Facebook, Google, Twitter, Snapchat et Apple qui s’imposent comme les « grands gagnants » de la crise sanitaire. Netflix, en revanche, n’a pas enregistré de nouveau record d’abonnés ce trimestre, un résultat décevant lié également à la Covid-19. Pendant ce temps, en France, le ministère de la culture a finalisé un ambitieux projet de décret visant à faire participer les plateformes de SVoD au financement des séries et des films français.
13 novembre 2020
Master
Ambre Limousi
Ambre
LIMOUSI

Senior International News Editor, Division Media

3ème trimestre : comment se portent les géants du digital ?

BDM, La Tribune, Le Figaro et Le Siècle Digital se penchent sur les résultats trimestriels des géants du digital, dans le contexte de la pandémie de Covid-19.

Grand gagnant de ce trimestre, Amazon voit son chiffre d’affaire en hausse de 37% comparé à l’an dernier. Ses bénéfices ont triplé, tandis que l’offre Amazon Web Services, qui représente désormais 12% du chiffre d’affaire de l’entreprise, continue à se développer. Cette année, « la saison des fêtes sera sans précédent », estime Jeff Bezos. « Nous n'avons jamais vu autant de clients acheter aussi tôt leurs cadeaux de Noël. »

De leurs côtés, Facebook et Google – dont les business models reposent quasi-exclusivement sur la publicité – ont présenté des résultats solides. Ils restent incontournables pour les annonceurs qui cherchent à toucher un large public de consommateurs.

Ainsi, Facebook continue d’afficher un nombre croissant d’utilisateurs actifs par mois, malgré le boycott du réseau social pendant la campagne « Stop Hate For Profit » cet été. « Nous avons réalisé un bon trimestre car les personnes et les entreprises continuent de compter sur nos services pour rester connectées et créer des opportunités économiques en cette période difficile », s'est félicité Mark Zuckerberg. Le réseau social a enregistré 7,85 milliards de bénéfice net (+ 29 % sur un an) pour un chiffre d ' affaires de 21,5 milliards de dollars sur la période (+ 22 % sur un an). Chez Google, la croissance est à nouveau au rendez-vous, après une légère baisse de revenus au 2ème trimestre (-2 %). Sa maison-mère, Alphabet, affiche des revenus publicitaires en hausse, qui « reflètent une croissance générale, menée par une augmentation des dépenses des annonceurs dans Search et Tube, ainsi que la poursuite de l’essor de Google Cloud et Google Play », indique sa directrice financière, Ruth Porat.

Dans son rapport trimestriel, Twitter explique également que les annonceurs ont augmenté leurs investissements publicitaires. Le réseau social, qui continue à attirer un nombre croissant d’utilisateurs tous les jours, a vu ses revenus augmenter de 14 %.

Surprise de ce trimestre, Snapchat affiche pour sa part un chiffre d’affaires en hausse de 52 % et continue d’augmenter son nombre d’utilisateurs actifs par jour. Le petit fantôme attribue ce succès notamment à la refonte de son application Android en 2019 et à ses Lenses en réalité augmentée qui ont fait décoller l’engagement des utilisateurs sur la plateforme.

Pendant ce temps, Apple affiche une croissance de 1 % pour son chiffre d’affaire sur un an, un faible résultat du notamment à la baisse des ventes de l’Iphone, qui ont chuté de 20 %. Le groupe est notamment affecté par le ralentissement de l’économie chinoise, l’un de ses marchés cruciaux. Les autres produits de la marque génèrent cependant des recettes en hausse.

Au vu de ces résultats, dopés par le confinement et les différentes restrictions liés à la Covid-19, Le Figaro et La Tribune notent que les GAFA, « immunisés » contre le coronavirus, sont « les superstars » de la crise actuelle. Google, Apple, Facebook et Amazon totalisent ce trimestre un chiffre d’affaires cumulé de 228,4 milliards de dollars pour un bénéfice net cumulé de presque 40 milliards.

Ce trimestre, pas de record de nouveaux abonnés pour Netflix

Netflix aussi a annoncé ses derniers résultats trimestriels : la plateforme, qui avait compté sur 2,5 millions de nouveaux abonnés au troisième trimestre, n’en revendique finalement que 2,2 millions, bien loin des 10 millions du deuxième trimestre, indiquent Presse-Citron et Le Figaro.

Un phénomène de « cannibalisation » est probablement à l'œuvre : en dopant la croissance au premier semestre, le confinement a réduit le potentiel de la deuxième partie de l'année. Netflix enregistre tout de même un bénéfice net à 790 millions de dollars au 3e trimestre, soit une hausse de 18 % sur un an. Les revenus sont quant à eux en hausse de 23 % par rapport à 2019. Pour ce qui est du quatrième trimestre, Netflix compte séduire plus de 6 millions de nouveaux abonnés. Sur la même période en 2019, ce chiffre était de 8,8 millions.

Le déconfinement n'est pas la seule explication à l'essoufflement de l'expansion de l'audience de Netflix, qui doit désormais affronter plus de concurrents. Disney+, notamment, a débarqué en France en plein confinement, en avril dernier. Pour l’instant, Netflix occupe toujours la première place du podium, avec plus de 195 millions d’abonnés dans le monde, là où Disney+ atteint seulement 60 millions.

Netflix a par ailleurs annoncé avoir repris la production de plusieurs contenus originaux après avoir été obligé de surprendre les tournages en raison de la Covid-19. La plateforme a notamment évoqué la saison 4 de Stranger Things, la saison 2 de The Witcher ou encore le film Red Notice.

Les plateformes de SVoD devront participer au financement des séries et des films français

Le ministère de la culture a finalisé un projet de décret visant à faire participer les plateformes de SVoD (Netflix, Disney+, Amazon Prime Video, etc.) au financement des séries et des films français, relatent Les Echos.

Dans un entretien pour le journal, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, parle d'une « révolution », détaillant l'ambition de ce texte, fruit d'une directive européenne que la France est l'un des tout premiers à transposer. L'enjeu est considérable : les producteurs audiovisuels s'apprêtent à récupérer une manne qui pourrait atteindre plus de 200 millions, dans un premier temps, d'après des projections (officieuses) qui ont pu être faites sur Netflix (près de 200 millions), Disney+ (autour de 10 millions) et Amazon (autour de 15 millions).

Le texte est ambitieux, puisque les plateformes vont devoir investir entre 20 % et 25 % de leur chiffre d'affaires en France dans la production d'œuvres françaises et européennes, en fonction de la place dans la chronologie des médias – c’est-à-dire le calendrier des fenêtres de diffusions des films sur les écrans de télévision et plateformes, après la sortie au cinéma.

Le projet prévoit également une montée en charge progressive, avec un abattement des obligations de 50 % la première année et de 25 % la deuxième année d'existence des plateformes, afin de permettre aux acteurs récents de s'adapter. En outre, les plateformes devront investir 75 % dans la production indépendante (des producteurs dont elles ne sont pas propriétaires) dans le cinéma et 66 % dans l'audiovisuel, avec une durée des droits limitée à trente-six mois. Parallèlement, la définition d'une « œuvre européenne » sera revue pour permettre d'inclure les filiales françaises des géants américains dans la part de production dépendante.

Pour aller plus loin : Social Report - 23 octobre 2020